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« Pas d’esbroufe, s’il vous plaît ! » : le conseil de Michel Barnier à ses ministres, à peine son gouvernement nommé, le 23 septembre, ne s’adressait évidemment pas à Emmanuel Macron. Quoique. Le premier ministre encourageait alors les membres de son équipe à être « irréprochables et modestes », quitte à manifester une forme de rupture avec les gouvernements placés jusqu’ici sous l’autorité directe du chef de l’Etat, lui-même réputé pour sa parole « performative », susceptible, littéralement, de réaliser une action par le fait même d’être énoncée.
Le conseil de Michel Barnier, accaparé par les difficultés d’une coalition dépourvue de majorité, en butte à l’opposition de la gauche et sous surveillance du Rassemblement national (RN), résonne étrangement en matière de politique étrangère, qu’Emmanuel Macron considère relever de son « domaine réservé ». Car, s’il est un domaine où le chef de l’Etat a fait preuve d’« esbroufe », c’est-à-dire, à en croire les bons dictionnaires, d’un « étalage de manières prétentieuses et insolentes », c’est bien celui-ci.
Il ne peut être reproché à l’ancien banquier d’affaires d’avoir beaucoup tenté sur la scène internationale depuis le début de son premier mandat, en 2017, dans un monde plus brutal que jamais. Et d’avoir sans doute beaucoup appris au fil de ses nombreux échecs, face à Donald Trump, qu’il essaya, sans grand succès, d’amadouer, ou face à Vladimir Poutine, qui se servit de ses velléités de médiateur pour gagner du temps avant d’envahir l’Ukraine, en février 2022. Sans oublier le retrait français du Sahel, sous la pression de la Russie, au fil des coups d’Etat militaires au Mali, au Burkina Faso, puis au Niger. Souvent, le chef de l’Etat a enflammé les débats, comme lorsqu’il mit en garde contre la « mort cérébrale » de l’OTAN, en 2019.
Discret sur la scène intérieure depuis juillet et la défaite de son camp aux élections législatives organisées dans la foulée de la dissolution de l’Assemblée nationale ratée, Emmanuel Macron redouble désormais d’activité sur la scène internationale. Il s’est décidé tardivement à participer à l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre, à New York, et a poursuivi par une visite officielle au Canada. Du 28 au 30 octobre, il se rendra en visite d’Etat au Maroc. Puis il prendra la direction du Brésil pour un sommet du G20, mi-novembre, moins de deux semaines après l’élection d’un nouveau président des Etats-Unis. Avant, éventuellement, de se déplacer en Arabie saoudite, début décembre. Sans oublier de nombreuses visites prévues sur le continent, à Bruxelles, Berlin, Chypre, ou Budapest, où il sera le 7 novembre, pour le cinquième sommet d’une de ses initiatives, à l’avenir encore incertain, la Communauté politique européenne.
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